Cet autoportrait est tiré de ma série Ghost Park.
L’immeuble dans lequel j’habitais à l’époque des prises de vues avait un parking souterrain où j’adorais descendre pour y admirer les ambiances.
C’était impossible de ne pas y faire quelques photos !
Il y avait 4 étages si je me souviens bien, ce qui multipliait les risques de passage.
Après réflexion, j’ai pensé qu’un samedi soir vers 22 ou 23 heures serait le moment le plus calme, les gens étant habituellement de sortie.
“Heureusement pour moi j’avais plutôt misé juste, il n’y a eu que très peu de mouvement !”
Si vous êtes allés jeter un coup d’œil à la série entière, vous avez pu remarquer que c’est un travail de nu complet, ce qui rendait la prise de vue plus délicate pour de nombreuses raisons.
Alors côté organisation et efficacité j’avais opté pour une robe qui pouvait s’enlever – et se remettre – en une seconde.
Je n’ai jamais essayé de faire aussi vite, je n’ai jamais été aussi sale, je n’ai jamais autant réfléchi à ce que j’allais faire si je croisais quelqu’un.e.
Mais ça en valait la peine parce que j’aime beaucoup cette série !
Ghost Park a été exposée à Paris et elle m’avait confrontée à deux types de réactions principales :
L’une, amusée, “pourquoi se foutre à poil dans un parking !?”, l’autre, mal à l’aise, “pourquoi se foutre à poil dans un parking…”
Là où j’avais vu quelque chose de fantomatique et d’esthétique, d’autres y ont vu des femmes maltraitées et abandonnées.
Mon histoire à moi était bien loin de ce que j’aurais pu imaginer des autres ressentis.
Comme quoi rien ne nous appartient jamais vraiment…
Plus absurde et plus léger : moi cachée dans le local poubelle parce qu’il m’avait semblé entendre du bruit.
Cette photo de coulisses existe car l’appareil photo était sur pied en mode minuterie pour réussir à prendre plus tard cette photographie !
Ce n’est pas l’autoportrait le plus réussi mais c’est celui qui m’a définitivement fait prendre un tournant dans cet exercice et dans mon évolution personnelle.
Quelques mois auparavant, je m’étais lancée professionnellement en photographie, j’avais mon numéro de siret et je n’attendais plus que les clients.
Spoiler alert 1 : Il y en a eu
Spoiler alert 2 : Je les ai tous envoyé chez une autre photographe…
Je disais à chaque fois la même phrase :
“J’ai trop de travail, je ne vais malheureusement pas pouvoir m’ajouter un contrat supplémentaire, mais j’ai quelqu’un de très bien à vous conseiller.”
FAUX.
Je n’avais aucun taf.
J’angoissais juste tellement que je préférais tout décliner. J’étais persuadée que j’allais tout foirer. Les gens allaient regretter de m’avoir contactée et ils allaient penser (pire : RÉALISER) que je ne savais pas du tout faire de la photo (le syndrome de l’imposteur, gros gros kiff).
Tout allait bien dans le meilleur des mondes, le mien donc, celui où on s’évite tout, le taf, les gens, les jugements (je ne suis pas folle vous savez), jusqu’à ce que je réalise que tout ça n’allait pas pouvoir continuer indéfiniment (faut bien manger)
Spoiler alert 3 : j’ai quand même tenté haha !
Sauf que je me suis bien sûr retrouvée à sec.
Et ma mère de me demander :
“Mais tu n’as personne qui te contacte pour travailler ?”
Oups.
Il était temps de régler le problème.
Je suis allée voir une thérapeute et, je vous la fais très courte, au milieu des échanges sur le manque de confiance en soi, il en est sorti que j’avais envie de faire du nu mais que je n’osais pas.
Je suis rentrée et je me suis foutue à poil.
C’était étrange et euphorisant.
Une vraie libération !
Quel rapport avec le taf ?
Eh bien tout simplement la confiance en soi qui a un peu bougé en acceptant de faire ce que j’avais envie de faire !